Pierre Henry

Autoportrait

autoportrait

Pierre Henry, 2008 © Droits réservés               Pierre Henry, 1976 © David Henry

Je me sens un homme de musique. Je vis pour la musique, je pense tout ce qui m’entoure musicalement, je structure ce que je vois musicalement.

La musique doit être le reflet du « moi » de celui qui la compose.

Je vis dans un univers extrêmement fermé où il n’y a que ma musique. Je suis professionnel de ma propre musique mais je ne suis pas professionnel de la musique du passé ou même de la musique des autres. Il me semble qu’on ne peut aimer que ce que l’on produit soi-même, que sa propre musique.

Ma musique est un instrument.

Ma musique est un besoin physiologique.

Ma musique est ma raison d’exister.

MA MUSIQUE C ‘EST MOI.

C'est la résurgence des sons enfouis depuis l’enfance qui seule permet la création. Je ne tiens pas à ce que ma musique soit analysée, je tiens à ce qu’elle soit reçue, brute, comme elle est.

Dans « La Fin de Satan », Victor Hugo écrivait : « Tout bruit écouté longtemps devient une voix ». Les bruits n’existent pas, il n’y a que des sons.

Mon premier choc n’a pas été Olivier Messiaen, cela a été la nature et Messiaen, cela a été la nature organisée. J’ai toujours été imprégné des sons de la nature, aussi bien ceux venant de l’orage ou du vent ou de la pluie, que ceux venant des animaux, des êtres humains ou des sons mécanisés tels que ceux du train. Mais ils étaient pour moi plus une source qu’une cérémonie. Ils me permettaient, à l’intérieur, d’entendre des sons nouveaux, c’est-à-dire qu’ils étaient assez rapidement magnifiés. Il y avait une espèce d’alliage, de transmutation qui se fabriquait à l’intérieur de moi-même. Les sons de la nature, on les entend une première fois mais on les réentend en soi, après. On les réentend quand on est seul et c’est alors qu’ils sont plus inouïs.

Je n’ai pas vraiment été un « chasseur de sons ». Il me suffit d’être quelques jours à la campagne ou dans un lieu privilégié ou dans le studio pour ressentir une nouvelle orientation de ma sonothèque en faisant naître une dizaine de bandes « inédites ».

MON SEUL INTÉRÊT MAJEUR DANS LA VIE EST DE COMPLÉTER, DE MENER À BIEN CET UNIVERS SONORE QUI ME HANTE ET QUI M’HABITE.

Pierre Henry

 

Voir aussi : Eléments de biographie par Franck MalletPierre Henry vu par Yves Bigot - Prix et distinctions