Pierre Henry

La note seule

 

Date

2017

Durée totale de l'oeuvre

30'13''

Studio de composition

Collection

Genre de l'oeuvre

Mots-clés

Relations entre contenus

Ce contenu Puise dans les sources sonores de Instantané/Simultané

Pour citer ce document

Henry, Pierre (1927-2017), “La note seule,” Pierre Henry, consulté le 17 mai 2024, https://pierre-henry.org/items/show/41.

Format de sortie

La Note seule - extrait

Créateur

Henry, Pierre (1927-2017)

Description

Grande litanie pour 3 pianos en accords et désaccords composée par Pierre Henry pour le projet d’un cycle de concerts organisé par Radio France à l’occasion de ses 90 ans.

"La poésie de la note seule, la note seule, ses miroirs. La note seule et son arrêt sur elle-même, la note seule qui veut être plus, qui accroche sur une autre note, sans le vouloir. Son fond est un piano qui bourdonne. Des nuages apparaissent au loin, des nuages de sons embrumés. La note seule insiste, se métallise et devient timbres multiples. Apparaît à l'octave son double. Les nuages amplifient la poésie de la note seule. La note pour le plaisir de la note. La note avec son devenir, ses accents, ses diminutions ; l'autre note revient parmi nous. Elle est l'horloge de notre vie. Encore un autre son. Déjà, la nuit tombe, la note glisse. Elle est multipliée en une autre note. Une harmonie générale est tentée. La note s'affirme. On entend des bruits de la barque musicale, des bruits qui rappellent les bruits des tremblements qui sont passés. La note seule prend la suite de ces tremblements, mais il est inquiétant d’entendre ces nouveaux bruits de locomotion qui accrochent, qui pincent, qui sont de plus en plus présents, qui se brouillent à nouveau. Les nuages s’affirment en une poétique vibrante. La note seule insiste aussi, descend, descend toujours de plus en plus. C'est l’harmonie. La locomotion est nouvelle, elle est plus neuve, elle éclate, elle irradie, nous montons au plus haut. Elle veut que la note seule monte au ciel. La note seule s'affirme dans des timbres nouveaux en mille intensités. Apparaît maintenant ce qui bouge : les insectes, les fourmis, les grenouilles. La note seule s'engloutit. La descente s'accentue. On a l'impression d'harmonium, d'accordéon cassé. La note seule s'enfonce, elle répète intensément la même chose. Il grêle tout à coup. Ce n'est pas juste, une pluie de grenouilles s’abat. La note seule étouffe, elle ne pourra pas monter, mais son cœur qui bat très fort va l'entraîner à nouveau. Elle exerce des mouvements. La note seule veut surmonter, elle s'agrippe, elle frappe ; la note seule s'harmonise dans le ciel. La note seule devient musique et harmonie, les deux à la fois, c'est rare ! Des fausses notes s'incrustent. Elle essaie les sons qui la font gravir à nouveau. Elle va rejoindre l'autre note seule du début. Chaque note nouvelle est essayée et répétée. On est en plein accordage, on est l’accordeur, il n’est pas là, c’est moi. Le musicien qui l’aidera à sortir. Elle sortira par une gamme par un glissando. Malgré les coups de boutoir des rames, des rameurs de notes, la note seule va sortir. Elle monte encore, elle voudrait être grande ; être aussi grande que tout le piano qui est là pour jouer. Le piano qui a tremblé et qui maintenant va sortir enfin. Le piano répète des notes. La gamme monte. La note seule devient mélodique, infinie, maladroite, elle se hisse vers le ciel. Des cris d'oiseaux l'accueillent : arpèges, strettes, points culminants, résolutions ; toutes ces harmonies vont disparaître. Accords, trilles. Le piano est là pour toujours. Exaspération mélodique. Tam-Tam de la note seule qui exaspère son chant. La montée devient ivresse ; et au sol, s'exaspèrent les derniers coups, les derniers cris. Et bientôt, la note seule va disparaître. On ne la voit plus, déjà on entend plus que les notes qui sonnent, qui sonnent, qui grimpent encore. Et les notes descendent, en proie à tous ceux qui se terminent dans de merveilleux glissandos, qui va s'achever par une autre note, qui aussi à son tour va s'éteindre. La note seule va disparaître dans une harmonie de pauvreté. Elle a ses derniers soubresauts avant de mourir."
Pierre Henry, retranscription de la note d’intention énoncée à l’oral, 5 février 2017, Archives Pierre Henry.

Date de création

2017-12-09

Création de l'oeuvre

Création posthume le 9 décembre 2017, au Studio 104 de la Maison de la Radio, Paris, au cours du week-end anniversaire et hommage « Pierre Henry (1927-2017), un pionnier », 8-10 décembre, sous la direction sonore de Thierry Balasse.

Composition

Date de composition

Composé entre le 28 septembre 2016 et le 17 février 2017

Sources sonores

Sonothèque Pierre Henry : sons extraits d'une série d'enregistrements inédits de piano préparé intitulée "La Cuve de fureur" [1974]
Éléments, extraits et montages issus de "Instantané/Simultané",
‹ La vie › et ‹ La Terre › [1977]

Lieux de création des sons

Apsome 3, 32 rue de Toul

Collaborateurs de réalisation

Mangin, Bernadette

Observations

Lors des séances de travail, Pierre Henry aimait à évoquer Olivier Messiaen présentant "Musique sans titre" à l'antenne de la RTF en 1950 : "...La troisième séquence qui comporte des notes seules, des notes pour la note, pour le plaisir de la note, la note avec ses résonances, avec ses sous-entendus, avec son devenir..."
La Note seule fait partie des dernières œuvres composées par Pierre Henry alors qu’il avait perdu la vue.

Production

Discographie

Galaxie Pierre Henry, Decca/Universal, 2021, coffret 13 CD, n° 4855, vol. 13

Technique

Support

Bande numérique (DAT)

Bit Rate/Frequency

48 kHZ

Nombre de canaux

Stéréo

Sources

Identifiant

http://pierre-henry.org/items/show/41

Source

Fonds Pierre Henry, boites rouges PHBR-00208 ; PHBR-00209
Fonds Pierre Henry, classeurs DONAUD1807_000148 ;DONAUD1807_000149

Cote BNF version de référence autorisée

DONAUD1714_003176

Cotes BNF matériel de composition

DONAUD1714_003146 à DONAUD1714_003175

Relations entre contenus

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